sábado, 5 de octubre de 2013

La démocratie, c'est l'intérêt collectif : méditons sur ses origines à Athènes
 
Avatar de Valéry Giscard d’Estaing
Valery Giscard D'Estaing
 
Pour se sauver au XXIe siècle, les démocraties européennes doivent méditer sur la politique d’Athènes au Xe siècle.
 
La municipalité d’Athènes a pris l’heureuse initiative de donner le nom de Jacqueline de Romilly, la grande helléniste française, à une place de la ville.
 
J’avais souhaité à l’Académie française, dont elle faisait partie, que Paris en fasse autant, mais ma demande est restée sans écho. Cette place est située sur le côté nord-ouest du Parthénon, d’où le soleil couchant permet d’apercevoir la dentelle sublime des colonnes. Ayant quelques phrases à prononcer, j’ai relu un des derniers livres de Jacqueline de Romilly : "L’Élan démocratique dans l’Athènes ancienne."
 
La démocratie a été inventée à Athènes
 
Nous répétons tous que la démocratie a été inventée à Athènes, et le mot est constamment utilisé dans les débats politiques contemporains. Mais son sens est très éloigné, en Occident, de sa signification d’origine.
 
Lorsque les citoyens d’Athènes (six à sept mille personnes à l’exclusion des esclaves) ont commencé à s’interroger, après la chute des Tyrans dans les dernières années du VIe siècle, sur le fonctionnement de la cité, leur première demande n’a pas porté sur l’accès au pouvoir, mais sur le droit à la parole : l’Isegoria.
Lors des grands débats sur l’Agora, chaque citoyen avait une chance égale d’exprimer son point de vue. Le représentant de la cité posait la fameuse question : "Qui veut, qui peut donner un avis utile pour la patrie ?"

L'intérêt individuel tend supplanter l'intérêt collectif

Ce n’est que plusieurs dizaines d’années plus tard, avec Périclès, que l’esprit démocratique a été introduit dans la vie de la cité. Regardons bien le mot : demos représente la collectivité, la foule des citoyens. Les orateurs n’expriment pas des demandes, des revendications individuelles, mais des "choses utiles à la patrie". La démocratie vise à bien gérer les intérêts du groupe, le demos.

Dans l’évolution contemporaine, en Occident, l’intérêt individuel tend à supplanter l’intérêt collectif. On vote pour quelqu’un dont on pense "qu'il fera une chose utile pour soi-même". Le demos s’éloigne et la demande personnelle prend sa place. D’où l’émiettement de la société politique, et la monocratie (le pouvoir du citoyen) qui tend à remplacer la démocratie (le pouvoir du peuple).

Sur la place Jacqueline-de-Romilly, devant le Parthénon que le crépuscule empourprait, je me répétais la question: "Qui veut, qui peut donner un avis utile pour sa patrie ?"
 
 

No hay comentarios: